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Vie Pratique

Du venin d’araignée contre les douleurs chroniques

L’arachnophobie est l’une des peurs les plus répandues au monde : elle toucherait 50% des femmes et 10% des hommes en moyenne. Cette phobie irrépressible serait en fait un reste d’instinct de survie primitif qui nous ordonne de fuir face au danger du venin potentiellement mortel.

Pour autant, ce venin pourrait être à l’origine des antalgiques de demain, si l’on en croit une nouvelle étude scientifique parue mercredi 4 mars dans le Bristish Journal of Pharmacology.

Les douleurs chroniques ont lieu lorsque les nerfs touchés par une maladie précise envoient des signaux continus au cerveau grâce aux canaux de la douleur. Elles toucheraient une personne sur cinq dans le monde. Or, c’est un symptôme que les médicaments antidouleur actuels ne savent pas soulager efficacement. Dans ce cercle vicieux infernal, les canaux Nav1.7 ont un rôle majeur : « des recherches antérieures ont démontré qu’une mutation génétique naturelle touchant les canaux Nav1.7 rend insensible à la douleur » explique le Professeur Glenn King, co-auteur de l’étude. Dans ce sens, « bloquer ces canaux Nav1.7 pourrait potentiellement éteindre la douleur ».

L’espoir d’une nouvelle catégorie d’antalgiques plus efficaces

C’est là que le venin d’araignée entre en jeu. L’équipe de onze chercheurs australiens et américains ont analysé la composition du venin de 205 espèces d’arachnides. Parmi ce large échantillon, 82 espèces auraient du venin contenant des molécules pouvant agir sur ces canaux Nav1.7. Précisément, l’équipe aurait identifié 7 composés dont un très prometteur, contenu dans le venin d’une tarentule (Haplopelma doriae). Plus puissant que les autres, ce composé serait très stable au niveau thermique, biologique et chimique, un avantage de taille pour devenir un parfait médicament antidouleur.

« Selon une estimation, il y a 9 millions de composés provenant du venin d’araignée, et seul 0,01% de cette étendue pharmacologique a déjà été explorée », souligne le Dr Julie Klaae Klint, co-auteure de l’étude. « Exploiter cette source naturelle de nouveaux traitements apporte un réel espoir d’accélérer le développement d’une nouvelle classe d’antalgiques pour aider les gens souffrant de douleurs chroniques qui ne peuvent être traitées à l’aide des traitements actuels. »

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