Introduit à la fin des années 40 par l’Armée américaine, le DEET, ou diéthyltoluamide, est un composé chimique présent dans de nombreux répulsifs aujourd’hui sur le marché, ces produits qui repoussent les insectes et jouent un rôle important dans la prévention des maladies transmises par les moustiques, comme le paludisme, le chikungunya, la dengue ou le virus du Nil.
« Jusqu’à présent, personne n’avait la moindre idée des récepteurs olfactifs utilisés par les insectes pour éviter le DEET », a expliqué l’entomologiste Anandasankar Ray (Université de Californie, Riverside, Etats-Unis), principal auteur de l’étude publiée mercredi dans la revue Nature.
Son équipe a examiné systématiquement tous les récepteurs sensoriels de l’insecte. Les recherches ont été menées sur la drosophile, ou mouche du vinaigre, génétiquement modifiée de façon à ce que les neurones activés par le DEET s’illuminent en vert fluorescent. Les chercheurs ont ainsi pu établir que les récepteurs impliqués dans la réaction au DEET, appelés Ir40a, tapissaient l’intérieur d’une région peu étudiée de l’antenne de l’insecte, le sacculus.
De plus, l’équipe d’Anandasankar Ray a déjà identifié de nouveaux composés qui agissent sur les mêmes récepteurs et qui pourraient un jour servir d’alternative au DEET.
Additifs alimentaires
« Nos découvertes pourraient déboucher sur une nouvelle génération de répulsifs bon marché qui pourraient protéger les hommes, les animaux et aussi, dans le futur, les récoltes », a souligné l’entomologiste.
Efficace, le DEET présente en effet plusieurs inconvénients. Il est capable de dissoudre les plastiques et les tissus synthétiques et peut donc endommager lors de son application cadrans de montres ou branches de lunettes.
Ce produit a aussi été suspecté de neurotoxicité chez les mammifères, tandis que d’autres travaux s’inquiètent du développement de résistances chez les moustiques.
Enfin il reste trop coûteux pour être utilisé dans des régions pauvres du monde, comme l’Afrique, où des centaines de millions de personnes souffrent pourtant de maladies transmises par les insectes.
Sur une sélection de huit substituts potentiels au DEET, qui selon les chercheurs se sont avérés fortement répulsifs sur les mouches, quatre ont également montré leur efficacité sur le moustique-tigre (Aedes albopictus), une espèce capable de transmettre des maladies telles que la dengue et le chikungunya.
Trois d’entre eux sont des agents de saveur et de parfum déjà autorisés par l’Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA) comme additifs alimentaires.
« Ils sont très sûrs pour l’homme, ne dissolvent pas les plastiques et sont très efficaces comme répulsifs anti-insectes », a assuré le Pr Ray.
« Notre rêve est qu’ils soient suffisamment abordables pour être utilisés pour la prévention en Afrique, en Asie, en Amérique latine, des régions du monde qui souffrent énormément de maladies transmises par les moustiques et autres insectes et où le DEET n’est pas utilisé parce que trop cher », a-t-il déclaré.
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