Et si dépression rimait avec infection ? Selon le Docteur Turhan Canli, chercheur de la Stony Brook University de New-York (Etats-Unis), certaines bactéries, virus ou parasites pourraient être à l’origine de dépressions majeures.
Défendue avec des études scientifiques à l’appui, son hypothèse a fait l’objet d’un article dans la revue scientifique Biology of Mood and Anxiety Disorders.
Des signes qui font penser à une infection
Selon le chercheur, la dépression ressemble fortement, par certains aspects, à une infection microbienne cérébrale. Ainsi, malgré des décennies de recherche, et de nombreux traitements antidépresseurs, les récidives sont fréquentes. Les patients dépressifs adoptent un comportement similaire à celui de malades, par leur manque d’énergie, leurs difficultés à sortir du lit ou leur perte d’intérêt notamment.
Enfin, les biomarqueurs signalant une inflammation peuvent parfois correspondre à l’activation du système immunitaire qui a lieu lors d’une infection à un germe.
Plusieurs études à l’appui
Si l’hypothèse du Dr Turhan ne repose sur aucune certitude directe, ce dernier se base sur plusieurs études scientifiques récentes qui soulignent un lien entre microbes et dépression.
Ainsi, en 2012, dans le Journal of Clinical Psychiatry, une étude américaine a montré que le parasite Toxoplasma gondij, présent sous forme latente chez 10 à 20% de la population, était associé à une augmentation du risque de tentative de suicide chez les personnes infectées. Celles-ci pourraient avoir jusqu’à 7 fois plus de risque de vouloir se suicider que les autres. Les personnes possédant un chat, porteur naturel du germe, auraient ainsi plus de risque d’être infecté, et donc plus de risque de penser au suicide.
D’autre part, le Dr Turhan évoque l’influence du microbiome intestinal, en soulignant que certaines bactéries de notre système digestif pourraient être une autre cause de dépression ou de changements émotionnels. Dans une méta-analyse de 28 études citée par le chercheur, certains virus, comme celui de l’herpès, ont également été identifiés comme potentiellement responsable de dépressions.
Pour l’auteur, il faudrait repenser le corps humain comme étant un écosystème à part entière pour les micro-organismes. Le génome humain serait alors un hôte pour des séquences d’ADN non-humaines, appartenant à divers microbes.
Par cet article, l’auteur entend stimuler la recherche sur le sujet, et espère voir germer des études comparatives entre patients déprimés et témoins « sains » pour tenter d’identifier une éventuelle origine infectieuse.
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