Bien qu’il soit présent en toute petite quantité dans notre organisme, en moyenne 4 g chez un homme et 2,5 g chez une femme, le fer est un oligo-élément minéral indispensable à notre santé. Il entre dans la composition de l’hémoglobine des globules rouges qui permet de véhiculer l’oxygène dans tout l’organisme et de la myoglobine qui permet de le stocker dans les muscles. Il intervient dans de nombreuses réactions permettant la respiration des cellules. Une femme est en situation de carence lorsque sa ferritine est inférieure à 30 microgrammes par litre de sang ( microgrammes par litre). On parle d’anémie quand le taux d’hémoglobine est en dessous de 12 g par décilitre de sang chez la femme et inférieur à 13 g chez l’homme.
Le risque, c’est l’anémie
« La situation est récurrente en consultation. Une femme, plutôt jeune, se plaint de fatigue et de problèmes de phanères, c’est-à-dire d’ongles et de cheveux cassants. Souvent elle pense manquer de vitamines mais, en réalité, c’est un problème de fer », raconte le Dr Marion Casadevall, médecin généraliste à Paris. Le manque de fer est en effet un trouble très répandu dans la population, notamment féminine. Chaque mois, les femmes réglées perdent du sang et jusqu’à 15 mg de fer. Il n’est donc pas rare que l’alimentation ne parvienne pas à combler cette perte mensuelle. D’autant plus chez les végétariennes, car les chairs animales sont la plus grande source de fer de notre alimentation.
Si la carence en fer et même l’anémie peuvent passer relativement inaperçues chez les femmes jeunes, hormis quelques signes de fatigue, les choses se compliquent lorsqu’elles sont enceintes. Débuter une grossesse, période très consommatrice en fer pour le développement du fœtus, alors que les réserves de la mère sont très basses est problématique et nécessite une supplémentation.
Une prise de sang pour le savoir
Pas question de se précipiter sur les compléments alimentaires enrichis en fer aux premiers signes de fatigue. « Il faut d’abord s’assurer de la réalité de la carence. Sinon, il est inutile d’augmenter sa consommation de fer, voire contre-productif à long terme sur le plan cardiovasculaire », explique Marion Casadevall. Le diagnostic se fait à partir d’une prise de sang, à travers 2 examens : numération de la formule sanguine et dosage à jeun de la ferritine.
« La numération permet de contrôler le taux d’hémoglobine (la molécule qui compose les globules rouges et assure le transport de l’oxygène dans le sang) et le volume globulaire moyen (VGM) qui reflète la taille des globules rouges. Quand on manque de fer, l’organisme manque de matière première pour produire les globules rouges qu’il fabrique dans un premier temps de plus petite taille puis en quantité insuffisante, le taux d’hémoglobine diminue, on parle alors d’anémie. La ferritine, elle, est la protéine de stockage du fer mais son dosage est très sensible, perturbé en cas de grossesse ou d’épisodes inflammatoires ou infectieux. Si la personne fait sa prise de sang alors qu’elle couve la grippe, le taux de ferritine est faussement augmenté par l’inflammation et on peut avoir l’impression, à tort, que son stock de fer est normal », souligne le Dr Casadevall.
On recherche l’origine du problème
On manque de fer parce qu’on n’en n’ingère pas assez. Profil type : les végétariens mais aussi les adolescentes souffrant d’un trouble du comportement alimentaire et les adeptes des régimes restrictifs. Autre cause : on n’absorbe pas le fer que l’on consomme, ce qui peut révéler une maladie digestive comme la maladie coeliaque ou la maladie de Crohn. « Il y a une déperdition très importante, de près de 90 %, entre le fer que l’on ingère et celui que notre organisme absorbe vraiment. Mais en cas de maladie digestive, la proportion de fer absorbée tombe presque à zéro », précise le médecin généraliste.
Enfin, le fer est perdu en raison de saignements : règles très abondantes ou saignements digestifs. « Chez un homme ou une femme ménopausée, une carence en fer inquiète davantage car il peut s’agir d’un ulcère qui saigne ou d’un cancer du côlon, il faut rapidement faire des explorations supplémentaires pour comprendre », poursuit le Dr Casadevall.
En prévention, on enrichit son assiette
Contrairement à ce que croit Popeye, les épinards ne sont pas la meilleure source de fer de notre alimentation ! Il est beaucoup mieux absorbé par notre organisme lorsqu’il provient de sources animales comme les abats, les viandes rouges ou les poissons gras les fruits de mer (palourdes, coques, huîtres). Les légumes secs (lentilles, haricots blancs), les œufs ou encore les céréales complètes contribuent aussi.
Pensez également au curry, au gingembre et aux graines de sésame, de coriandre ou de cumin pour apporter du fer à vos menus. Privilégiez les jus d’agrumes ou de tomate dont la vitamine C aide à l’absorption du fer, et limitez thé, café et vin dont les tanins nuisent, au contraire, à sa bonne assimilation par l’organisme.
Mais compte-tenu de la déperdition importante entre le fer ingéré et le fer réellement absorbé par l’organisme, l’alimentation contribue à maintenir les réserves mais n’escomptez pas combler une carence en changeant simplement le contenu de votre assiette. « Ni en prenant des compléments alimentaires enrichis en fer, prévient la généraliste. Car leurs dosages en fer ne sont alors pas suffisants. »
Un médicament en cas de carence
Si la carence est avérée, il faut un traitement médicamenteux. Une dose de 150 à 200 mg par jour est généralement nécessaire, ce qu’aucun complément alimentaire ne peut apporter. Une cure d’une semaine ne permet pas de reconstituer les stocks. Le traitement doit donc durer plusieurs mois, soit 2 comprimés tous les matins avant le petit déjeuner pendant 3 mois. Le médecin prescrit soit du Tardyferon, soit du Fero-grad, qui contient de la vitamine C pour faciliter l’absorption du fer.
« Mais ces traitements sont assez mal tolérés sur le plan digestif. Les selles sont noires du fait de la présence de fer et les patients souffrent de ballonnements et de diarrhées, ils ne le supportent pas forcément 3 mois », souligne Marion Casadevall. Le conseil pour limiter les effets digestifs : prendre les comprimés au milieu du repas, quitte à nuire un peu à l’absorption du fer ou ne prendre qu’un comprimé par jour ou deux 1 jour sur 2, à condition d’allonger la durée du traitement à 6 mois.
Un traitement de choc existe aussi. Beaucoup plus rapide, il consiste à perfuser directement le fer dans le sang par intraveineuse. « Il faut une hospitalisation, donc c’est contraignant et cher, ce qui explique qu’on réserve ce traitement aux personnes sévèrement carencées en fer. Quand elles ne peuvent pas en prendre par la bouche parce qu’elles ne tolèrent pas les comprimés ou parce qu’elles ont une maladie digestive qui trouble l’absorption », précise le médecin.