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Vie Pratique

SOPA, Anonymous, Megaupload : mettons les pieds dans le plat

Depuis hier soir, une vague (que dis-je, un tsunami !) de folie déferle sur les réseaux sociaux, et sur le web en général, à l’annonce de la fermeture de Megaupload. Cet article n’a pas pour vocation de relayer l’information (vos contacts Facebook et/ou les personnes que vous suivez sur Twitter s’en sont -largement- chargés). Tâchons simplement de prendre le recul nécessaire et de faire le point, ce qu’aurait du faire notre cher Président avant de pondre un communiqué en pleine nuit, suintant l’autosatisfaction. Soit, commençons par le commencement, si vous voulez bien.

MEGAUPLOAD, c’est quoi ce truc, qu’est-ce qui s’est passé ?

Pour faire simple, Megaupload est un site de téléchargement qui figure dans le top 20 des sites les plus fréquentés à l’échelle mondiale. Si vous voulez parler chiffres, sachez que la plateforme attire 100 millions d’internautes chaque mois et parmi eux, 15 millions sont français (source : Le Nouvel Observateur). Séries, films, albums de musique, documents personnels, professionnels, les photos de votre dernier voyage en Grèce ou dans le Larzac, vous pouviez y stocker un peu de tout, et y télécharger votre dose de culture pour la semaine.

Ce qu’on n’a pas forcément vu arriver, c’est la fermeture soudaine du site dans la soirée du 19 Janvier 2011. Des cris, des pleurs, des tweets enragés contre la SOPA (voir ci-dessous), c’est un condensé des réactions qui ont pu être observées quelques minutes après la mort de Megaupload.

SOPA et PIPA, ce ne sont pas des noms de soda ?

Malheureusement, non. SOPA et PIPA ne sont que les sigles de Stop Online Piracy Act et Protect IP Act. Derrière ces deux termes barbares se cachent en réalité deux projets de loi américains, qui suscitent des débats aussi bien aux États-Unis, que dans le monde entier. Pour lutter contre la violation des droits d’auteur sur Internet, SOPA et PIPA prévoient des mesures drastiques (je vous invite à lire l’article du Blog de Tipi pour plus d’informations) qui pourraient s’avérer dangereuses pour la liberté d’expression en ligne, l’Internet libre et ouvert.

Le 18 Janvier, à quelques jours des votes du Sénat quant à l’adoption du PIPA, de nombreux sites américains (dont Wikipédia US) ont décidé de faire un black-out (en d’autres termes, ils se sont mis en berne) pour protester contre cette loi et sensibiliser les internautes à son impact.

MEGAUPLOAD, première victime de SOPA et PIPA ?

Techniquement non, il n’y a aucun lien direct entre la fermeture du site et les deux projets de loi. Megaupload était dans le radar de la justice américaine et du FBI depuis un bon bout de temps. Résultat, la majorité des noms de domaines appartenant à Megaupload (notamment Megavideo, pour citer la plus connue) a été fermée et sept dirigeants (dont Kim Dotcom, le fondateur de l’empire Mega) ont été arrêtés, prêts à passer un sale quart d’heure pour violation des lois anti-piratage. Ils encourent jusqu’à 20 ans de prison. Pour information, la peine encourue pour un viol est de 15 ans – petit moment de lolissimo, navrée.

Concrètement, qu’est-ce que le FBI reproche aux dirigeants du site ?

Pour les plus bilingues d’entre vous, vous pouvez consulter directement le communiqué du FBI, diffusé une dizaine de minutes après l’annonce de la fermeture du site. En résumé, la justice américaine accuse Megaupload d’avoir causé plus de 500 millions de dollars de pertes (qui auraient du revenir aux ayants-droit) et généré plus de 175 millions de dollars de profits illicites. Sans oublier que le site versait de l’argent aux internautes qui uploadaient les contenus les plus populaires. Les sept personnes arrêtées sont donc inculpées pour « blanchissement d’argent », de « complot visant à enfreindre le droit d’auteur » et de « racket ». Soit. (Pour plus de détails concernant l’acte d’accusation, je vous renvoie à l’article de Numerama)

Et les Anonymous alors ? Qu’est-ce qu’ils viennent faire dans cette histoire ?

Petit rappel pour ceux qui n’ont jamais entendu parler des Anonymous. Derrière ce nom et ce masque se cache une très, très, très, grande communauté d’activistes luttant pour la liberté d’expression sur Internet et en dehors. Autant dire que la suppression de Megaupload leur est restée au travers de la gorge (comme des milliers, voire des millions d’internautes), tandis que dans leur tête résonnait vengeance, vengeance, vengeance.

Le collectif annonce le début d’une World War Web. Ils ont frappé fort, et vite – ça fait tout leur charme. Les serveurs des sites d’Universal Music, de la justice américaine, de la Motion Picture Association of America (industrie du cinéma US), Recording Industry Association of America (industrie de musique US) et Hadopi.fr ont vite été surchargés, rendant les sites inaccessibles ou extrêmement lents. Quasiment 24 heures après cette attaque, sachez que les sites de la RIAA et d’Hadopi sont toujours down, down, down. Les Anonymous ne comptent pas s’arrêter là et prévoient des actions coup de poing tant que Megaupload ne sera pas rétabli. La guerre 2.0 est en marche !

Et la France dans tout ça ? 

Elle a réagit vite, plus vite encore qu’après la perte du triple A. En effet, l’Élysée a rapidement envoyé un communiqué à l’AFP, saluant l’initiative du gouvernement américain. Le chef d’état soutient ainsi « que la lutte contre les sites de téléchargement direct ou de streaming illégaux, qui fondent leur modèle commercial sur le piratage des oeuvres, constitue une impérieuse nécessité pour la préservation de la diversité culturelle et le renouvellement de la création ». P-p-p-ardon ? Je ne compte pas me lancer dans un débat sur le terrain glissant qu’est la politique française, mais l’article de Frédéric Martel et celui du Numerama à propos de la réaction de Nicolas Sarkozy m’ont plutôt emballée.

La disparition de Megaupload suscite de vives réactions, et remet sur la table la question d’un appauvrissement culturel. Sommes-nous condamnés à regarder Louis La Brocante, à claquer 10/12 euro pour voir un film au cinéma qu’on est même pas sûr d’apprécier, à écouter les bouses musicales qu’on nous passe en boucle à la radio ? Triste prophétie n’est-ce pas ?

Finissons en musique, dans la joie et la bonne humeur :

Photo : Vincent Diamante

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